Martin Fauché a réussi un coup de maître avec sa mise en scène sobre, déplaçant ainsi toute l'attention du public sur les comédiens qui livrent une performance impressionnante. Ainsi, c'est dans un dénuement presque complet que les personnages, juchés sur leur banquette d'automobile surélevée, s'abandonneront à leur confession. Afin d'accentuer cette gravité, ils seront braqués par des projecteurs : le seul décor en fait si l'on omet la banquette automobile évidemment. Le décor, en fait, est véritablement imposé par les mots : le sens des mots.
Ainsi, lors de ces sept saynettes, divers personnages s'abandonnent à la confession. Rien de douloureux, toutefois, puisque nous sommes entraînés, dès la première apparition des comédiens sur scène dans Drôle de particulier, sur la route de l'humour. Cependant, Road trip dérogera de ce procédé. Un malaise s'installera en nous, un doute s'imposera quant à la relation qui s'installera entre un professeur et son étudiante naïve; une Anne-Marie Levasseur criante de vérité.
Par conséquent, Autobahn est la quête de l'authenticité des mots, de la valeur significative de chaque mot. Si on les trouve trop recherchés dans la saynette Drôle particulier, lorsqu'ils sont énoncés par une adolescente, ils prennent tout leurs sens et leur poids dans les cinq miniatures qui vont suivre, atteignant leur apogée lors du sketch Changement de voie, jouer avec conviction par Amélie Bonenfant et Mathieu Gosselin, qui n'est pas sans rappeller les monologues de Jean-Thomas Jobin.
Vraiment, Autobhan, quoiqu'elle décrive la vie simple des gens simples, est une pièce de mots; sur l'importance d'utiliser le mot juste. Nul doute,avec cette magnifique adaptation, de l'apport essentiel de la traductrice Fanny Britt.