Qui dit Acadie, pense Sagouine. Sauf qu'il n'y a pas que la créature d'Antonine Maillet qui sévit en chiac, ce dialecte surprenant et poétique. Nombre d'artistes, jeunes et vieux, se produisent dans ce langage vernaculaire qui mélange équitablement français et anglais. «Si que» tu habites Moncton, tu vas «revenir back» de quelque part.
Que des jeunes s'expriment dans cette langue est tout de même surprenant. Certains artistes un brin snobs le renient comme maints Québécois ont rénié ( et renient encore ) l'oeuvre théâtrale de Michel Tremblay. Ça fait trop «petit peuple». Mais l'art doit s'exprimer dans le jargon qui le sert le mieux. Le chiac est très représentatif de la culture acadienne et ceux qui l'utilisent prennent un risque bien calculé : celui d'être rejetés, pire ignorés, par la prétendue élite. Et ne jamais être reconnus par l'Académie française. Mais who cares ?
Radio Radio exprime dans sa langue les réalités de son pays l'Acadie, comme nos Cowboys fringants et Loco Locass expriment dans leur langue les réalités de notre pays le Québec. Si on a honte de sa langue et de sa culture, on demeure anonyme ou on s'exprime en français international...